Les familles et amis défilent avec des pancartes et des portraits des victimes le 19 avril 2025 à Kocani, en Macédoine du Nord, après que l'incendie d'une discothèque de la ville a fait 63 morts ( AFP / Robert ATANASOVSKI )
Le procès de 35 personnes accusées d'avoir joué un rôle dans l'incendie d'une discothèque en Macédoine du Nord qui a fait 63 morts, s'est ouvert mercredi matin en présence de nombreuses familles et proches endeuillés.
Le feu avait pris dans la nuit du 15 au 16 mars lors d'un concert de hip hop au Pulse, une petite discothèque de Kocani, à une centaine de km de Skopje.
L'établissement était bondé - environ 650 personnes - et l'enquête a révélé plusieurs violations des normes de sécurité sur fond de corruption : presque toutes les réglementations relatives à l'exploitation d'une boîte de nuit ont été enfreintes, selon l'accusation qui pointe un nombre insuffisant d'extincteurs et de sorties de secours, ainsi que des licences falsifiées.
Sur le banc des prévenus sont entre autres attendus le propriétaire de la boîte de nuit, trois anciens maires de Kocani, d'anciens ministres, des maires et des hauts fonctionnaires, qui devront répondre de "crimes graves contre la sécurité publique".
Dans une salle conçue pour les grands procès située dans la plus grande prison du pays à une quinzaine de km du centre de Skopje, la foule était dense mercredi matin.
"Tout sera fait pour que ce procès se déroule sans encombre. Nous ne pouvons garantir combien de temps cela prendra, personne ne peut le savoir. Je demande de la discipline, car nous souhaitons tous parvenir" à rendre justice, a déclaré la juge Dijana Gruevska Ilievska en ouvrant les débats, peu avant 10H00 (09H00 GMT).
Depuis bientôt huit mois, les familles des victimes manifestent chaque semaine pour demander justice. Samedi, à Skopje, ils étaient plusieurs milliers à les soutenir. Tenant dans leurs mains des photos des victimes, ils ont marché jusqu'au tribunal, scandant "Justice pour Kocani" et "Tout le monde pourrait être le prochain".
Les proches des victimes d'un incendie mortel dans une discothèque le 16 mars 2025 brandissent des banderoles avec les photos des défunts lors d'une marche pour réclamer justice à Skopje, en Macédoine du Nord, le 15 novembre 2025 ( AFP / Robert ATANASOVSKI )
Certains ont pris la parole pour demander un procès juste.
"Nous voulons que chaque fait soit exposé, que chaque responsabilité soit étudiée et tant pis si c'est déplaisant", a déclaré Rozeta Djamova, sœur d'une des victimes.
"Nous voulons que la vérité soit faite. Savoir où il y a eu négligence, qui n'a pas réagi, quelles institutions étaient en retard, qui aurait dû empêcher cela, mais ne l'a pas fait", a ajouté Natalija Gjorgjieska, la femme d'un des chanteurs qui se produisait ce soir-là, mort dans l'incendie.
- "Long et complexe" -
Lors d'un briefing pour les médias la semaine dernière, la présidente de la Cour criminelle, Daniela Dimovska et le procureur général Ljupco Kocevski ainsi que le président de l'association des avocats, Ljubomir Mihajlovski, ont tous plaidé pour une procédure rapide et efficace.
Des policiers inspectent la discothèque ravagée par un incendie à Kocani, en Macédoine du Nord, le 19 2025 ( AFP / Armend NIMANI )
Cela alors que les limites du système judiciaire de Macédoine du Nord ont été soulignées dans le dernier rapport de l'UE sur le pays, qui note que son efficacité "est affectée par la durée accrue des procédures et un important arriéré de dossiers. La durée des procédures a augmenté pour presque toutes les catégories d'affaires".
Et compte tenu de la complexité de l'affaire, familles et experts craignent que le dossier ne traîne pendant de nombreuses années.
"Vu le nombre d'accusés, de parties civiles, de témoins, le nombre de documents contenus dans l'acte d'accusation, le procès du Pulse sera long et complexe, c'est certain", explique Darko Avramovski, de Blue Print Group, une coalition d'ONG spécialisées dans la Justice.
"La rapidité des procédures dépendra de la capacité du tribunal à éviter les retards d'audience, mais aussi de la solidité juridique de l'acte d'accusation, et de l'individualisation claire des responsabilités de chaque personne", ajoute-t-il.
"Le processus doit être mené de manière professionnelle, sans populisme et avec un respect strict des normes juridiques. Ce que le public attend à juste titre, ce n'est pas seulement la rapidité, mais aussi une procédure de qualité qui résistera à l'épreuve des preuves et de l'argumentation juridique."

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